Nairobi, 16 juin 2022

Alors que la sécurité alimentaire mondiale est au centre des préoccupations, sept pays de la région du Sud-Ouest de l’océan Indien se sont concertés, du 14 au 15 juin 2022 à Nairobi, afin de mieux faire face à l’impact du changement climatique sur le secteur de la pêche artisanale. « Cette initiative arrive à point nommé sachant que si la température mondiale augmentait de 2°C, le stock de poissons du Sud-Ouest de l’océan Indien diminuerait de 15 à 50 % par rapport à celui de 2005. Ce scénario aggraverait la situation alimentaire déjà incertaine, puisque le poisson représente environ 17 % des protéines animales dans le monde. Il est donc primordial pour la région de trouver des solutions afin de préserver cette importante ressource alimentaire et économique », explique Vincent Degert, ambassadeur de l’Union européenne (UE) auprès de la République de Maurice et de la République des Seychelles.

Ces deux jours de consultation ont rassemblé des décideurs du ministère de la pêche, des chercheurs issus des institutions de recherche sur le changement climatique, ainsi que les points focaux nationaux du programme ECOFISH des Comores, du Kenya, de Madagascar, de Maurice, du Mozambique, des Seychelles et de la Tanzanie/Zanzibar. Leurs échanges ont abouti à la mise en place d’un réseau régional pour évaluer et atténuer l’impact du changement climatique sur la pêche artisanale dans la région.

« Cette coopération cherche avant tout à mettre à disposition de la région, et des pays qui la composent, les données nécessaires pour mesurer l’étendue de l’impact du changement climatique sur les ressources halieutiques de la région. Avec ces informations, nous pourrons travailler ensemble pour identifier les solutions appropriées et créer des synergies, étant donné que le problème est d’envergure mondiale », souligne Vêlayoudom Marimoutou, Secrétaire général de la Commission de l’océan Indien.

Cet atelier a adopté le rapport proposant 17 sets d’indicateurs pour évaluer les effets du dérèglement climatique sur les ressources halieutiques dans la région. Ces indicateurs comprennent des données environnementales et socio-économiques, ainsi que des informations sur la gouvernance, les financements climat, etc. afin d’offrir une vision exhaustive des défis à relever.

Cette collaboration régionale, pour faire face au changement climatique, prend toute son importance sachant qu’environ 80 % des effets négatifs du réchauffement de la planète se ressentent en Afrique, alors que le continent africain ne produit que 4 % des émissions à l’origine de ce dérèglement. Par ailleurs, le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) souligne que les océans sont les plus affectés de tous les écosystèmes. De ce fait, les pêcheurs qui ne sont pas en mesure de se déplacer, de diversifier leurs activités et de tirer parti de la technologie pour maintenir leurs prises, seront confrontés au défi existentiel de l’insécurité alimentaire.

La mise en place de ce réseau régional, pour évaluer et atténuer l’impact du changement climatique sur la pêche artisanale, s’inscrit dans le cadre des efforts du programme ECOFISH, promu et financé par l’Union européenne, à faire de la pêche durable un levier du développement de l’Afrique de l’Est, l’Afrique australe et l’océan Indien. Ce programme est mis en œuvre par la Commission de l’océan Indien (COI), l’Agence du lac Tanganyika (LTA), l’Organisation des pêches du lac Victoria (LVFO), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), la Commission des thons de l’océan Indien (IOTC), la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Commission des pêches du Sud-ouest de l’océan Indien (SWIOFC).