Niché entre le Zimbabwe et la Zambie, le lac Kariba est le quatrième plus grand lac d’Afrique et figure parmi les plus grands lacs artificiels du monde. Alors qu’elle accueillait autrefois de nombreuses espèces de poissons, cette vaste étendue d’eau souffre aujourd’hui d’un épuisement de ses ressources… Les causes principales ? La surpêche et l’utilisation abusive de matériels de pêche illégaux.

Figure 1 Coordonnateur de l’élevage et de la pêche du district de Sinazongwe avec les comités communautaires de pêche inspectant les activités de pêche autour du lac Kariba
En vue de pallier cette crise, le Ministère des Pêches et de l’Elevage de Sinazongwe – ville située sur la rive nord du lac Kariba – a tenté d’établir quelques règles à respecter. Parmi elles : l’interdiction des paniers, filets à cordes et autres matériels illicites ; la recommandation de filets de coton d’au moins trois pouces et demi ; l’obligation d’acquérir des licences de pêche, ou encore l’interdiction de pêcher pendant la période de reproduction.
Mettre en place exclusivement ces règles n’a pas donné les résultats escomptés… Cela en raison du manque d’informations aux pêcheurs, qui pour la plupart n’avaient pas de permis de pêche. De plus, le Département des pêches de Sinazongwe ne disposait pas des ressources humaines adéquates, ni de moyens de transport suffisants pour correctement instituer ces nouvelles lois.
Résolu à contrer ces mauvaises pratiques de pêche et souhaitant protéger la biodiversité du lac Kariba, ZAMOF – avec le soutien d’ECOFISH et de l’UE, en partenariat avec Actionaid Zambia – a mis en place et renforcé des comités de pêche au niveau communautaire en formant les pêcheurs à la gestion durable des ressources halieutiques.
Cette initiative, qui fait partie du « Projet de pêche durable à petite échelle en Zambie », en a inspiré plus d’un. Les pêcheurs se sont organisés pour finalement obtenir leurs licences de pêche ! Un constat plutôt optimiste, attestant l’engouement et la participation communautaire à la gestion des ressources halieutiques. Cette première étape leur permet de poursuivre leurs activités dans le lac, dans le respect des règles initialement mises en place par le Ministère. En effet, 35 pêcheurs du village de Chilele ont accepté de payer leurs licences. Les habitants de Siatwinda, Sinalilogwe, Sinachikuyu, Chiabi, Siasowa, Nzenga, Sinantandabale, Ngoma et Simunzila ont également décidé de faire de même. Durant les périodes où la pêche est interdite, les pêcheurs sont encouragés à se lancer dans l’élevage de poulets comme source de revenus alternative.
Formée par le comité de pêche, une équipe de sentinelle patrouille sur le lac Kariba. Ils appréhendent toute personne s’y trouvant pendant l’interdiction de pêche et confisquent leurs matériels de pêche illégal en veillant au respect des règles. Il va sans dire que cette initiative tisse des liens solides entre les pêcheurs et le ministère des Pêches, et favorise une meilleure communication entre eux.
L’intervention a jusqu’à présent enregistré 1290 pêcheurs qui ont obtenu des licences de pêche. Dans l’ensemble des 7 districts, nous avons plus de 3000 pêcheurs qui obtiennent des permis de pêche. Nous avons 40 coopératives qui sont enregistrées dans les camps de pêche à travers les sept districts des zones de mise en œuvre du projet. Les comités de pêche au niveau communautaire de Sinazongwe ont signalé et enregistré la confiscation 5 engins de pêche illégaux.
Quelques pas dans la bonne direction dans cette lutte contre les mauvaises pratiques de pêche dans le lac Kariba !